Liberté bien relative
Mercredi, mai 7th, 2025Le prisonnier rêve bien sûr de liberté,
Il devient fou des plaintes, murs, couloirs et clefs,
Mais quand un jour enfin il en sort délivré,
La route du désespoir vient à lui manquer !
Le prisonnier rêve bien sûr de liberté,
Il devient fou des plaintes, murs, couloirs et clefs,
Mais quand un jour enfin il en sort délivré,
La route du désespoir vient à lui manquer !
Afin de réussir un beau et bon jardin,
Il faut investir du temps et de la raison,
Trouver où le soleil chérira le terrain,
Pluie, gel, vent doux pour la ronde des saisons.
Alors il faut ôter chardons et orties,
Qui blessent parfois nos mains innocentes,
Y semer d’un air satisfait nos envies,
Mais confier au temps ses humeurs changeantes.
Dame Nature et ses humeurs maussades,
Comme elle nous tient par la barbichette !
Un jour nous augure de belles salades,
Le lendemain ne récoltons que tripette !
L’homme et le jardin, vous l’avez deviné,
Sont pareils, point n’est besoin de le démontrer,
Ils rêvent de lumière, de fruits magiques,
Un coup de vent et s’écroule la boutique !
Ces deux là peinent bien souvent à s’entendre,
L’un cherche au plus profond de la matière,
L’autre vise à en saisir les méandres,
En dérouler le vide de ses lumières !
Ce critique là qui croit tout savoir sur tout,
N’est pas un peintre, un sculpteur, un écrivain,
Non, c’est un flâneur, se pense homme de goût,
Fier de lui. Enfin, il ne verra rien de bien !
Ce critique quand il parcourt les allées,
Se délecte pour un court instant d’être vu,
Comme un prince, un roi que l’on vient flatter,
Armé du regard sournois d’un fat parvenu !
Mesdames, messieurs les artistes, écrivains,
Qui arpentez la piste bien tôt le matin,
Qui répondez mille et mille fois en vain,
Voyez le sot passer qui se frotte les mains !
C’est ici le long de couloirs silencieux,
Où, à peine quelques langueurs sont perçues,
Quelques ombres sur des pavés moyenâgeux,
Arpentent le cloître qui les a reçues.
C’est ici qu’il n’existe pas de musique,
La pensée seule est une symphonie,
Ses accents ont la pureté angélique,
Ses notes, un concert bercé d’harmonie.
C’est ici que l’on peut goûter à l’éternel,
Car rien ne change toujours à chaque instant.
La promenade, un voyage hors du temps,
Son jardin et ses parfums presque irréels.
C’est ici que des êtres semblent à l’arrêt,
Ils étonnent souvent mais attirent aussi.
Le cloître n’est pas une prison, en effet,
Il veut être sur terre un vrai paradis !
Trois individus qu’ils soient hommes ou femmes,
Avançant sur leur chemin tels des étrangers,
Comme des nageurs en des couloirs séparés,
Se querellent sur la valeur de leur âme.
” - Je suis au départ de toute création.
Comme inspirée par une voix divine,
Ma pensée vers le nouveau s’achemine
Et tisse la toile de toutes inventions !
- Vrai ! mais que seraient-elles sans la parole,
Sans elle, ne pouvant être révélées,
Ne seraient-elles pas telles des idoles
Vouées à n’être que par soi encensées ? ”
Quant au bâtisseur, l’homme du bout de chaîne,
Si le penseur a pensé pour lui tel projet,
Si l’orateur a parlé pour qu’il comprenne,
Il pleure pour un clou qu’il ne peut enfoncer !
Ces deux-là , vous le verrez, n’ont rien en commun :
L’un étant pincé comme un gardien de prison,
L’autre qu’on appelle un bon épicurien,
Bref, chacun chez lui accroché à sa raison !
” - Je vois que rien ne vous fait perdre l’appétit,
Que des guerres ensanglantent la planète,
Que des enfants creusent pour un pauvre penny,
Ne vous gêne et vous mène à la diète ! ”
- ” Je ne suis pas à l’affut de la misère,
De nature gaie la vie m’émerveille,
Je glane ma petite part de la terre
Avant que sous elle je trouve le sommeil ! ”
Nos deux sbires ne se mettront jamais d’accord,
C’est ainsi depuis que le monde est monde.
Car l’un, triste, plaindra les malheurs de tous bords,
Quand l’autre boira le meilleur à la ronde !
Un guichetier rêvait derrière son guichet,
Ses yeux folâtraient sur de belles images,
Tout autour, qu’on avait cruellement placées,
Des montagnes, du sable blanc, des rivages…
- Je voudrais un billet pour visiter Paris ?
- C’est complet, monsieur, mais vous avez le Maroc :
Pensez qu’en ce mois le jasmin y est fleuri,
Et son soleil vous y causera un tel choc !
A moins que vous ne préféreriez l’Everest,
Vous pourriez gravir ce sommet légendaire,
Vaincre vos peurs, y accomplir comme un test,
Puis revenir tel un soldat de la guerre ?
- J’hésite tellement devant ces voyages,
Ces belles affiches et vos plaisants conseils
Qui promènent mes rêves sur des nuages
Et conduisent mes sens à toujours plus d’éveil !
Notre guichetier n’en pouvant plus à ces mots,
A ces affiches placardées dans le dos,
Mit au panier tampons, paperasse, guichet
Et s’offrit enfin, Ã lui seul, un beau billet !
Dans un palais prestigieux du bout du monde,
Une princesse désirée y vivait.
D’allure alerte, chevelure blonde,
Pour elle, deux sbires repoussés se pâmaient.
Peau de fesses et face de rat, c’étaient eux !
L’un paraissait rétréci au savonnage,
L’autre semblait courir après le fromage,
Se haïssaient pour la belle à qui mieux-mieux.
Tel, raccourci au lavage, était méchant,
Empoisonnait breuvages, cachait des serpents ;
Quant au fromager, rusé comme on l’appelle,
Il chantait, dansait pour séduire la belle.
Ce n’étaient que guerres entre les provinces,
Des soldats gravissaient de hautes murailles
Pour l’appétit impossible de deux ” princes “,
Peau de fesses, face de rat, triste piétaille !
Je suis slave et je le sais,
Bohême, j’aime voyager,
Très jeune, né et vivant en France,
Mon esprit n’eut de cesse d’être dans l’errance,
Mon nom m’apparut toujours différent,
Et devoir expliquer toujours fatigant :
Epelez s’il vous plait, vous n’êtes pas d’ici ?
Il sourit quand je lui réponds que si !
Mais il sait où il doit me loger,
Dans quelle unité m’incorporer,
Celle qui est réservée à mon nom,
Sur une liste à part d’autres noms.
Alors la route devient caillouteuse,
Elle est pour la vie rocailleuse.
Par ici, là où nul ne veut aller,
J’y vais, mon avenir est tracé ;
Je suis bohême et rêvais d’Amérique,
Mais mon Ukraine est un pays fantastique !
GCM- Pensée du jour-6/3/2022
Attablés à la salle de pause-café
Deux esprits s’échauffent en toute liberté .
L’un prône qu’en tout il faut être le meilleur,
L’autre dit ” qu’en tout ” est sans doute une erreur !
Notre premier dit qu’en ce monde féroce
Il n’y a de place que pour ceux qui gagnent,
Que c’est la loi naturelle qui nous force,
Et dommage pour celles et ceux qui flânent !
” N’as-tu pas quelque faiblesse enfouie ,
Ou songé à la sagesse de ton parcours,
A ceux aussi dont la force inouïe
S’éteint aux portes de ton féroce discours ? “
Etre le meilleur ne semble se conjuguer
Que si ces deux-là , logés à cette table
Pour leur piètre vie, le nez dans le café,
Voient dans le marc un partage équitable !
Le premier fou, sans doute le plus à plaindre
N’avait pas le moindre sou, pas de bel habit,
Ni maison confortable ou le moindre ami,
Seul un vide béant qui le faisait geindre.
Le second, mieux loti s’échinait chaque jour,
Debout très tôt, tard couché, pansant ses plaies,
Ses mains calleuses et sa tête broyées
Galopaient sans cesse pour faire plus toujours.
Quant au troisième paraissant le plus béni,
Se prélassant jours et nuits en de soyeux draps,
Ignorant beaux fruits, gentes gens ici et là ,
Tournait tel un détenu se mourant d’ennui.
A ce tableau, il manque, direz-vous soudain,
A ceux qui n’ont rien, qui triment, qui paressent,
A ces malheureux fous qui tournent sans cesse,
La parole d’un sage qui jamais se plaint !
Pas d’amour sans pardon. Pas de pardon sans amour ! Cette phrase résonne comme un roulement de tambour conduisant à l’échafaud ! Il n’y a évidemment pas de place pour la quiétude s’il ne nous est pas possible d’accepter la pensée et au-delà l’agissement de l’autre. Cet autre façonné depuis sa venue sur terre par ses parents, conduit par ses maîtres d’école, ayant côtoyé ceux du monde du travail, ceux qui nous accompagnent en qualité d’amis, d’époux, d’épouse, de partenaires, de famille, de parti .Sans oublier, souvent tôt ,l’influence des croyances diverses développées par des courroies de transmissions millénaires. Voilà ce que nous sommes, des statues modelées par les mains des autres, parfois de belles mains ne les oublions pas, statues rigidifiées avec le temps ne laissant que peu de place à la liberté originelle de penser et d’agir par soi-même. Alors pardonner à l’autre si différent de soi paraît très compliqué conduisant quasi-logiquement à la détestation et au rejet. Il est donc nécessaire, afin de chasser nos angoisses, nos acrimonies résiduelles, notre mal-être lentement façonné par “la vie ” diront certains, d’ entreprendre un bout de chemin vers le pardon. Immédiatement, l’amour emprisonné dans son carcan de mépris reprend des couleurs qui s’étaient fanées inutilement et avaient gâché notre âme d’enfant désireuse d’aimer. Renversons donc l’adage de l’introduction par pardonner c’est aimer, aimer c’est pardonner et courons par monts et par vaux l’âme complètement libérée. N’est-il pas temps, n’avons-nous pas droit à une parcelle de bonheur ?
Pensée du jour
4/9/2021
Une hirondelle, lasse d’un long voyage
Se posa, toute heureuse, sur une cage.
Sous ses pattes un grillage d’acier soudé
Contenait un hamster idiot qui s’échinait !
“Que d’efforts intenses lui chanta la belle,
S’il y avait de la choucroute à pédaler,
Tourner la roue sans cesse la journée,
Au pire, l’utilité serait réelle ! “
“C’est vrai, oiseau qui ne connaît pas les barreaux,
Mais mon maître aime savoir la roue gémir,
Quand je m’arrête il cesse de me nourrir
Et jure m’envoyer aux rats du caniveau !”
Ainsi le hamster se cavale en prison,
Quand l’hirondelle ne se laisse pas saisir.
L’un rêve d’ailes un de ces jours à venir,
L’autre fuit au ciel la confortable maison !
La peur en ce siècle est devenue omniprésente. Elle s’est incrustée au fil des années avec la montée en puissance des progrès de la science. Ces progrès qui auraient dû nous rendre heureux puisqu’ils nous facilitaient la vie ont produit des effets contraires. La peur de perdre s’est installée : peur de perdre son emploi, son logement, son environnement social très préservé, son confort etc … Tout va tellement vite qu’il est parfois difficile de suivre diront certains. Sans oublier que lorsque l’on devient adulte on perd la protection confortable de ses parents qui, eux, ont eu peur pour nous ! Le cycle infernal de la peur va bientôt s’arrêter et ceci grâce ou à cause d’une pandémie. Bien sûr il y a la peur d’être touché par le virus : de multiples précautions sont prises pour éviter de l’être mais l’habitude de se protéger viendra éteindre cette peur à terme. Ce qui s’éteindra progressivement également ce seront toutes les autres peurs citées plus haut. La peur du chômage ne nous saisit que lorsque nous avons un emploi. La peur de la pauvreté quand nous ne manquons de rien; même la peur de la maladie quand nous sommes en bonne santé. Toute privation, toute douleur n’est ressentie que lorsqu’elle n’arrive pas et que l’on craint qu’elle arrive. Dorénavant nous pourrons bientôt reprendre toutes nos libertés progressivement perdues sans peur aucune puisque tout ce que nous avons redouté est arrivé. Nous reprendrons d’anciennes habitudes remisées au placard telles que observer silencieusement la nature au plus près, réapprendre la solitude et la méditation profonde, se consacrer d’avantage aux arts, à une activité sportive, se rapprocher des autres, peser la fragilité du bonheur et de l’amour, bref un désir retrouvé de flâner et se contenter du minimum comme lorsque nous n’avions que presque rien. A moins que ce soit déjà le cas la peur s’éteindra d’elle-même. Elle nous aura appris que rien n’est figé et qu’elle n’est comme tout le reste qu’une illusion de l’esprit. Les enfants de 14 ou de 40 couraient sous les bombes comme dans un jeu. Voilà que près d’un siècle plus tard nous courons aussi sous les feux de l’ennemi. Derrière nous désormais un ancien monde appartenant au passé s’éteint comme la peur qui l’a bâti et devant un nouveau monde à reconstruire. Il n’y a donc rien à craindre du renouvellement des cycles de l’humanité : écologiques, économiques, sociologiques mais de s’adapter à leur nouveaux paradigmes. Et si tout les changements n’étaient que bénéfice ?
Bulles légères qui pétillent dans des flutes,
Bulles qui titillent , flutes qui s’entrecroisent,
Griseries d’un instant de culbute
Quand vertiges et douces folies pavoisent !
Puis montent de gais refrains
Où se mêlent mille broutilles ;
Alors au son d’un mystérieux tambourin
Viennent briller mille étoiles qui scintillent !
Champagne !
Deux génies se promenaient cahin-caha,
Bien côte à côte comme on sait de tout temps,
Tels de gentils frères se tenant par le bras,
Et comme les familles en pondent souvent !
Ah les garnements, on dirait des frères, oui,
Mais à la vision tellement différente !
L’un tellement bon comme le pain béni,
L’autre cruel comme l’épée tranchante
- Pourquoi es- tu si dur dit le premier,
Les hommes n’ ont-ils pas besoin d’amour ?
- J’aime qu’il se haïssent toujours !
- Ne veulent-ils pas de l’amitié ?
- Je sais comment les séparer !
- Ne veulent-ils pas la paix, la tranquillité ?
- Je leur offre la guerre pour sécurité !
- Ne veulent-ils pas gagner leur vie honorablement ?
- J’en fais des menteurs en les affamant !
- Ne cherchent-ils pas la chaleur d’un foyer ?
- Ah ah, je m’arrange aussi à les en chasser !
Et nos deux génies n’ont cesse de parler,
Guerroyant de mots sur ces questions profondes.
L’un déversant pitié, amour de l’humanité,
L’autre, semblant si laid , haïssant le monde !
Trois pauvres culs s’en allaient de par les routes
De la belle France, devisant sur leurs noms.
Trois tristes culs sonnant pareil somme toute,
Et qui erraient en fumeuses explications !
Le premier au second lui fit cette question :
“N’êtes-vous pas dégoûté d’agir comme un chien,
Qui pour sa pitance doit lécher son voisin,
Ne lui laissant, la panse grasse, qu’un quignon ? “
“Eh, mais mon brave on s’en sort comme on peut !
N’êtes- vous pas flanqué de pantalonnades
A passer vos jours à tromper à qui mieux-mieux
Qui veut entendre vos tartuffes salades ? “
Le vilain cul-terreux, lui, ne fut pas consulté,
Se dit que ces culs de la terre de France,
Gênés par son derrière de terre maculé,
Allaient tôt recevoir un pied là où l’on pense !
Aimer un vélo c’est aimer un objet en apparence sans âme, qui ne parle pas, qui ne ressent rien et qui réclame de la souffrance pour exister d’où le paradoxe ! Mais il se situe au fond dans la liste des objets qui peuplent notre quotidien et qui ont dirigé notre amour vers eux, peut-être en place de diriger un amour vers une personne. Soit parce que cette personne n’existe pas,, ou plus, soit qu’elle fasse partie d’un rêve inaccessible, d’un souvenir à l’image ternie quoique encore vivante. La télévision par exemple, cette boîte à images qui déverse des sentiments, des visages, des questionnements peut suffire au bonheur à celui qui est seul. Parfois le souvenir de l’avoir regardée à deux vient panser la plaie qu’à laissée le disparu. L’objet-vélo est pareil. Il joue dans la cour des réminiscences. Qui n’a pas reçu ce cadeau quand il était petit à Noël, à son anniversaire, venant compléter notre désir d’équilibre et d’avancer ? On lui porte donc un amour reconnaissant, indestructible pour l’avenir, de nous aider à tenir à la fois sur nos jambes et sur deux roues et affronter ainsi, plus forts , les déséquilibres de l’existence. Les gens aiment le vélo, ils applaudissent au bord des routes, ils sortent le dimanche, évacuent grâce aux pédales et à la transmission de la chaîne les embarras du bureau ou de la famille. Ils reviennent de leur ballade fiers de leur effort et heureux d’avoir renoué avec le cadeau intime gravé de leur enfance. D’autant que cette machine est devenue de plus en plus belle et de plus en plus facile à naviguer, que ses bienfaits sur le plan de la santé soient reconnus, il n’y a pas de doute à ce que l’on lui porte de l’amour. Les férus de cyclisme, ceux qui dorment près de lui vous diront qu’un vélo ne se prête jamais ! Eh oui, les enfants n’aiment pas prêter leur jouet c’est bien connu !
Pensée du jour .24/07/2020
Il est sept heures. Un vent léger et frais s’introduit dans le salon. Un rayon de soleil franc et coupant déjà illumine d’un orange pâle les meules de paille jaunies en contre-bas dans la vallée. Les ouvriers municipaux en cette période de l’année commencent tôt leur journée, bricolent dans les fossés et semblent tuer le temps pour cesser leur calvaire à midi où plus rien ne sera plus possible. Même les chiens sont fatigués d’aboyer : c’est l’été . L’été dans le Sud, comme une lame tranchante découpe le jardin en profondes crevasses, assassine le vert des fruitiers qui pleurent des feuilles déjà jaunies et où quelques fruits deviennent alors visibles. L’été dans le Sud c’est une chaleur écrasante, asphyxiante, aux volets fermés l’après-midi ou près d’une rivière pour les plus chanceux ! L’été dans le Sud ce sont des vacanciers venus souffrir sur les grands axes, mourir dans les bouchons interminables, s’attabler à de fausses tables, recevoir de faux sourires, contempler des pierres et des plaques, s’allonger aux cancers des plages et rentrer aux brumes le teint hâlé fauchés comme les blés ! Le Sud c’est la fournaise des vacances, le désespoir des agriculteurs, les landes de pins et les incendies puis l’attente inquiète des orages comme le pardon violent de la nature.
Pensée du jour. 21/07/2020
On nous dit qu’il existe des pays tout blancs,
Qu’en cette saison la pluie est comme le vent,
Légère, transportée aux souffles du froid,
Bâtissant des palais de verre entre les doigts.
On nous dit que cette pluie est un manteau blanc,
Qu’elle recouvre les plaines, les parcs et les bancs,
Qu’elle mouille à peine et fait rire les enfants
Quand de joie ils la serrent entre leurs gants.
On nous dit qu’en cette saison où il y fait froid
Il y a des maisons avec des cheminées,
Qu’on y a coupé un arbre illuminé
Et que demain un vieux monsieur s’y arrêtera.
On nous dit tout cela mais on ne le croit pas.
Ici les palais ne tombent jamais du ciel,
Ils ne sont pas de pluie et il n’y fait pas froid ;
On nous dit tout cela mais est-ce vraiment réel ?
La terre n’est plus cet immense point d’interrogation d’il y a quelques siècles.Ce temps où l’on croyait cette dernière plate jusqu’à ce que certains voyageurs intrépides démontrèrent qu’elle est bien ronde et qu’on ne tombait pas à son extrémité ! Maintenant la terre on la connaît bien. Elle est petite, on en fait vite le tour, nous sommes nombreux dessus et elle est en piteux état. Celui qui abandonne sa bouteille en forêt, ses cartons graisseux dans les buissons ne peut plus ignorer sa contribution à la défaire. Ainsi qu’à chaque tour de clef le nuage noir qu’il envoie sur ses propres enfants. Et s’il se dissipe à ses yeux il vient tout la haut s’ajouter à tous les nuages noirs qui bientôt nous recouvrirons tous, êtres et plantes. Y verrons-nous quelque chose ? Y respirerons-nous encore le parfum du printemps, de l’automne, du blé et des vendanges. Non, tout sera noir, couleur charbon et la moindre étincelle enflammera le charbon. C’est donc la chaleur qui s’est emparée de la terre et de nous qui sommes en surchauffe de tout connaître, de tout avoir, traqués par le besoin d’arpenter villes, villages, musées, statues, vallées et montagnes afin d’emporter en nos tiroirs des parcelles de bien commun.Et oui, elle est bien petite la terre et bien fragile ! Maintenant qu’on le sait on ne jettera plus sa bouteille de champagne à la mer; Promis, enfants jouisseurs !
Pensée du jour. 5/12/2019
Le passé n’est qu’une sombre illusion. Rien ne sert d’y fouiller tout le temps comme de chercher une aiguille dans une botte de foin qui servirait à raccommoder un vieux tissu. Si d’aventure, avec de la chance, on trouverait l’aiguille on s’apercevrait vite que le désir de faire revivre ce tissu abîmé s’est évanoui comme un rêve impalpable. Et pourtant c’est ce que nous faisons tous à longueur de vie : nous plonger dans notre passé, dans nos albums, nos films, nos livres pour y puiser la substance qui nous paraît nécessaire à construire le futur et surtout notre” petite survie “. Pourtant notre imagination, sans limites elle, pourrait nous projeter plus loin, plus haut; Où est l’avenir dans toutes ces répétitions désuètes ? A part les vieilles recettes séculaires : paix, guerres, gagner de l’argent, se débarrasser de ses déchets où l’on peut sans être vu, philosopher sur le temps des guillotines ou rabâcher l’Histoire triste, toujours triste aux enfants qui nous regardent, se demandant pourquoi on leur a menti pour les endormir quand ils étaient petits. N’y a-t-il dans notre imagination sans limites que la petite satisfaction d’une tasse de café ? N’attendions-nous que la venue messianique d’une enfant qui entraîne tous les enfants pour nous pointer du doigt et nous jeter à la figure nos impuissances ? Impuissances que nous aimons qualifier de juridiques ! C’est incroyable ce que ce monde est triste à enfiler les perles du passé sans être capable d’inventer le vrai bonheur ! Un peu d’audace mince !
Pensée du jour - 08/09/2019
Un plat silence règne sur la vallée,
Au coeur de la brume des feuilles y dansent,
Glacial, le vent du Nord sur elles se penche,
Quand l’emprise soudain les tord éplorées.
Vent chaud d’ Afrique, hier, brûlant comme le feu,
Portant le désert en ses bras, son sable chaud ,
Voilà qu’il se fâche donnant son à -propos,
A la froide glace, au gel tombé des cieux !
Le vent est un danseur rusé des tropiques,
Il est comme l’amour et tourne sans cesse ,
Des lourds étés aux automnes pathétiques,
Aux longs hivers son souffle jamais ne cesse !
Quand le printemps vient à sonner à la porte,
Que notre éveil mystérieux soudain surgit,
Alors le vent capricieux nous emporte,
Et tend la voile à nos rêves engourdis !
Prince à la robe ornée de couleurs,
Ne paraissant qu’à l’appel de la lumière,
A l’été finissant, aux dernières chaleurs,
Il vogue au gré de ses frêles bannières.
Prince aux atours de princesse qui vole ;
Pour seule arme, la faiblesse de sa beauté
Lui donne un jour, un seul jour pour qu’il vole
Un brin de charme aux peu d’heures comptées.
Prince aux saveurs dernières du jour couchant,
Tes voiles légères de parfum en parfum
Semblent parler d’amour et de nouveau printemps
A toutes les fleurs demeurées au jardin.
De toutes les inventions destinées au progrès, l’homme a inventé le désarroi. Comme s’il avait en lui profondément enracinée la propension naturelle à la bougeotte ! Dès qu’il a l’âge de marcher il demande déjà à courir. Il n’a pas le temps de prendre tranquillement son petit-déjeuner car le bus n’attend pas. Forcément le lever est difficile car il n’a pas récupéré de la veille. Très tôt il a entre les mains un boîtier qui lui permet de consulter le monde et surtout de rater la marche de l’autocar qu’il ne voit plus tant son esprit est absorbé. Le voilà “pressé ” devant tant d’évènements qu’il découvre dans son portable et qui font de lui un escargot coupable et désemparé. Il est invité à courir mais il ne pourra jamais être totalement satisfait car il est dans le siècle du désarroi organisé qui le pose en victime consentante et désabusée. Il voit des guerres, des famines, des crimes, des pauvres, des riches, de ruineuses foutaises, des femmes et des hommes nus sensés lui montrer l’amour, entend des chansons qui vont le marteler toute la journée avant de côtoyer, en aveugle,la société composée d’autres personnes comme lui. L’homme a inventé le désarroi. Il lui faudra des torrents de larmes pour noyer ce soi-disant progrès. Mais aura-t-il le temps de pleurer, les larmes n’étant réservées qu’à des frères lointains désireux, eux-aussi, de rater la marche qui les attire tant.
Pensée du jour, 30/09/2018
Non, les personnes âgées ne sont pas des clones de personnes âgées qui se reproduiraient entre elles. Ce qui nous conforterait dans l’idée de l’immortalité de la jeunesse par une classification naturelle décidée par on ne sait quelle magie nous échappant.? Cette dernière fabriquerait des jeunes et des vieux se regardant en chiens de faïence sans la moindre idée de la naissance et de la mort. Pas du tout, les personnes âgées sont vous, nous, ils, tous, les uns, les autres comme cette jolie rose, comme ce cortège qui se rend à l’église ou à un concert de jazz. Cette volonté que rien ne change confrontée en permanence au changement, sur fond d’angoisse métaphysique refoulée, ressemble à un lézard ou à un oiseau momentanément statufiés sur une branche, habitée et désertée en une seconde, le temps d’un frémissement, d’un balancement.
Ainsi sommes-nous lorsque nous vivons : quelqu’éclair, quelqu’étincelle avec une particularité qui nous est propre c’est que nous assistons ébahis au spectacle. Nous montons sur scène connaissant le texte, avec à peine de temps à autre quelqu’oubli nécessitant l’aide d’un souffleur ! Non, nous ne sommes pas des clones, là où nous sommes et qui nous sommes, jeunes ou vieux, nous avons cette dotation privilégiée d’êtres uniques, de penser et d’agir au sein d’un théâtre fantastique.
Brigadier, trois coups, le spectacle commence !
Pensée du jour( 14/09/2018 )
Comme une révélation soudaine une brise de vent a chassé l’été.
Un souffle qui penche les branches et rafraîchit l’air
Bascule l’esprit vers quelques gros nuages
Qui cachent désormais un soleil ardent.
Au loin des bruits familiers annoncent la rentrée ;
Les cahiers de vacances sont rangés,
Les poches se vident de sable,
Pelles et seaux cessent leurs allées et venues.
Les arbres tourmentés montrent des fruits massacrés,
Le grand tapis jauni brûlé attend la pluie,
Les fleurs meurtries crient encore des couleurs
Mais ne sourient plus comme au début de l’été.
Et derrière tout ce monde brûlé qui s’agite et attend,
Une force se prépare à tout balayer ,
Telle une lumière aveuglante au profond de la chair
Grondant avec l’orage qui ne tarde plus maintenant.
La lumière, la voilà , aussi féroce qu’était la sécheresse.
Dans la nuit noire elle déchire les rideaux et les murs,
Entrecoupée de trombes d’eau et d’arbres qui gémissent,
Elle éclaire le jardin comme si c’était le jour.
Pourquoi devrions-nous craindre le métissage ? Tout ces petits ” bout de chou ” adorables, couleur de soleil, ne suscitent-ils pas à chaque fois l’émerveillement ? La crainte vient de l ‘effacement de la couleur blanche occidentale au profit d’une autre couleur. Comme chacun sait nul ne veut céder à l’autre ce qui lui paraît être le mieux pour lui, autrement dit : ” Je suis blanc, pas touche ! ” Mais pourquoi s’entêter devant un phénomène des plus naturels : la mixité. Ne s’est-elle pas installée à l’école, au travail… Avec toujours la même réticence conduisant à penser que cela ne marcherait pas. Aucun tableau n’est d’une teinte unique sauf certains monochromes qui laissent à croire que leur auteur n’aimait pas la joie d’un brassage de couleurs. J’y mets quelques peintres à la plume sombre et mélancolique de ciels bas et pluvieux et dont l’oeuvre, si compliquée soit-elle, conduit à la dépression ! Et bien non ! L’heure est à la couleur et il va falloir quitter nos préjugés, nos fantasmes, nos rejets pour entrer dans le siècle de l’acception des couleurs nouvelles. Aussi de coutumes nouvelles, d’habits aux étoffes chatoyantes, de rues en trompe-l’oeil nous donnant à circuler d’une peinture à l’autre égayant des villes mornes et grises. Que ce partage ne soit pas l’affaire exclusive de celui qui vient mais soit aussi l’oeuvre de celui qui reçoit, en pleine conscience d’une page qui se tourne sur une page nouvelle. Tout change, se transforme, écrivait un scientifique célèbre, rien ne demeure définitivement. Le repli n’est pas la solution au bonheur des hommes. Le métissage des peuples n’ôte rien au discernement. Ce dernier doit être partagé équitablement par l’accueilli et l’accueillant. A l’aube du 21ème siècle , à l’heure des échanges perpétuels et volontaristes de nouveautés, de quêtes de découvertes conduisant pour certaines personnes à changer radicalement de vie, il ne faut rien s’étonner que brassage allait rapidement conduire à métissage. Notre maison sera notre planète et nos visages seront un peu moins blafards La couleur ajoutera à notre amour de vivre et les visages se mettront à voyager au-delà des continents.
Pensée du jour 28/06/2018
Sales, obscurs dans le noir, ce sont nos enfants,
Ils dorment à même le trottoir à tous vents,
Sous des cartons, leur maison, imaginons-nous
Devenus ce qu’ils sont, ce qu’ils pensent de nous…
Ces hommes bouffis de froid, même des femmes,
Honte suprême, des femmes dehors sans lit !
Et pour taire l’impatience de ce drame,
Une boisson chaude au regard qui sourit !
Ils n’ont pas voulu ceux-là , c’est leur punition,
Pas voulu apprendre, se plier, marcher droit,
Comme font tous les autres, aller au bon pas,
Mais défier la loi et soûler leur condition.
Ils n’ont pas voulu et toujours sans le vouloir,
Peu importe si, sales, obscurs dans le noir,
On les trouve le cou raidi, indifférents,
A l’aube quand poindra la rosée du printemps.
Voyez-le se donner du mal pour que tout aille,
Voler tout le jour, d’un aller à un retour,
Du nid où piaille la marmaille
A la terre, aux champs, pour une brindille d’un jour.
Parfois il se pose sur le grillage du jardin
Et repose ses ailes fatiguées de ses voyages,
L’oeil rieur, comme un vainqueur coquin
Qui nargue le père vieilli par l’âge !
Petit à petit il construit, tresse, salive ;
Dedans, les petits attendent le bec béant,
Guettant père-oiseau, mère sur le qui-vive,
Porteurs inlassables de ” diners ” incessants !
Ne les cherchez pas, un nid est vite abandonné ;
Une fois le chef-d’oeuvre fini il flotte à tout vents !
Quelques duvets soyeux, seuls, rappellent nos printemps,
Leurs éternels oiseaux joyeux et nos envols rêvés.